J’ai toujours aimé, regardé, fréquenté la peinture, les expositions et les livres d’art. Ma formation n’est pas académique, même si j’ai suivi divers cours et ateliers de dessin et de peinture, dans des écoles de quartier, au Centre Saydie-Bronfman, à l’Université de Montréal, au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Autodidacte, j’ai beaucoup regardé les œuvres de Chardin, Cézanne, Gauguin, Manet, le Groupe des Sept, Wyeth, Riopelle, les Automatistes, Mitchell, Diebenkorn, Kirkeby... La fréquentation d’amis peintres (Maxime Darnaud, en France; Tina Rose Bastien, au Québec) est aussi une source d’inspiration.

Mon travail pictural est modeste dans son objet : peindre une toile (formats divers, toile montée ou non, travail à la verticale ou à l’horizontale), en créant des compositions qui mettent en jeu le rapport entre l’abstraction et la représentation et en travaillant sur les qualités de la matière et de la surface : lisse ou grenue, opaque ou transparente, mate ou brillante, en fonction de la lumière, de son intensité et de sa direction. Le médium est généralement l’acrylique, enrichi de feuilles ou de peintures métalliques, ainsi que de pastel, de crayon, de fusain ou d’encre. Les points de départ peuvent être divers : photo, paysage, tableau de maître, dessin ou composition spontanée. Ce travail me permet de me confronter à mes contradictions, par un aller-retour de la représentation à l’abstraction, du travail soigné au barbeau, de la lumière à l’obscurité, des maîtres anciens à la modernité, de la citation à l’automatisme, de la mémoire au présent.

La toile, dans sa bidimensionnalité, devient à la fois un univers en soi, fonctionnant d’après ses propres règles de composition et de traitement de la couleur et de la lumière, et un objet présent dans l’univers, soumis à son influence, notamment à la lumière extérieure, et présenté au regard du spectateur. Ce regard est loin d’être neutre : selon sa position physique, le spectateur voit la toile sous différents aspects; selon son attitude mentale ou affective, il va l’ignorer ou au contraire en faire une interprétation qui peut être variée, simple ou complexe, libre ou motivée. Au point d’arrivée, le tableau abouti se nourrit de lui-même et veut susciter chez le spectateur intéressé le plaisir de l’œil, de la contemplation, de l’examen attentif ou de l’évocation.

Je me plais aussi à dessiner et à peindre sous divers formats (surtout des cartes) des hiboux qui sont un clin d’œil au travail de Riopelle.

Mon travail se nourrit tant de mon intérêt pour les sciences naturelles et les êtres humains que du bonheur apporté tout au long de ma vie par les œuvres d’artistes d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs, que j’aime évoquer et citer.

La crise climatique se fait de plus en plus présente, et l’implication citoyenne dans la lutte pour la protection de l’environnement et l’avenir des générations futures force la réflexion et stimule l’inspiration. L’artiste se sent le devoir d’agir selon ses moyens pour dénoncer l’irresponsabilité et l’inaction des dirigeants. Le pinceau devient une arme dans un combat sans fin pour dénoncer la recherche du profit et du pouvoir qui nous mène à la catastrophe planétaire, et appeler à la solidarité.